CERCLE DE Charles GLEYRE (Chevilly, canton... - Lot 93 - Briscadieu

Lot 93
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Estimation :
5000 - 7000 EUR
CERCLE DE Charles GLEYRE (Chevilly, canton... - Lot 93 - Briscadieu
CERCLE DE Charles GLEYRE (Chevilly, canton de Vaud, 1808-Paris, 1874) Le Soir (ou Les Illusions perdues) D'après le tableau présenté par Gleyre au Salon de 1843 et acquis par le roi Louis-Philippe (aujourd'hui au Louvre). Toile. 137 x 238 cm. Au dos, marque au pochoir du fabricant de toiles : Haro, successeur de Rey, 26, rue des Petits Augustins à Paris. Baguette d'origine. 1845-1849 Charles Gleyre est l'un des artistes les plus singuliers de son temps. Très tôt orphelin, homme réservé, maladif et mélancolique, il fut tracassé par la pauvreté jusqu'au succès colossal du tableau qu'il présenta au Salon de 1843 : Le Soir (rebaptisé par le public Les Illusions perdues, l'année même où paraissait le dernier volet du roman de Balzac). Tableau dont nous présentons ici une réplique de qualité. Elève de Louis Hersent, Gleyre avait complété sa formation en Italie avant d'effectuer un long voyage en Egypte. Installé à Paris dès 1838, il fut amené à reprendre l'atelier de Paul Delaroche, où il délivra gratuitement un enseignement assez libéral. C'est d'ailleurs dans l'Antiquité rêvée de Gleyre, traitée avec une perfection cristalline, que la peinture néo-grecque du Second Empire trouve ses origines (une autre source étant Ingres). Plusieurs futurs impressionnistes se formeront aussi dans son atelier et y noueront une amitié : Renoir, Bazille, Monet et Sisley. Devenu célèbre, Gleyre se vit considéré comme un héros national à Lausanne, dont le musée a collectionné ses oeuvres. Ne cherchant pas les honneurs, n'arrivant souvent pas à finir ses toiles, l'artiste mourra en visitant une exposition, foudroyé devant un tableau d'Ingres. C'est lors de son voyage en Egypte que Gleyre eut la vision qui lui inspira Le Soir : « C'était le 21 mars 1835, par un beau crépuscule sur le Nil, à la hauteur d'Abydos. Le ciel était si pur, l'eau si calme, qu'après la masturbation de cerveau à laquelle je m'étais livré toute la journée, il m'eût été difficile de dire si je voguais sur un fleuve ou dans les espaces infinis de l'air. » La barque, de type égyptien, est chargée de femmes chantantes habillées à l'antique, ainsi que d'un jeune Eros sans arc qui feint de tirer une flèche. Cependant, le bateau ne se rapproche pas du rivage, mais s'en éloigne, laissant sur la rive un barde prostré dont la lyre traîne à terre - figure dans laquelle des érudits ont cru reconnaître Thamyris, barde de l'Illiade qu'une punition des Muses avait rendu infirme. En fait, les exégèses du Soir se sont multipliées jusqu'à nos jours sans réussir à percer le secret de cette oeuvre délibérément énigmatique - ce qui en fait d'ailleurs la profondeur. L'on s'accorde toutefois à y voir une allégorie mélancolique - celle de la Vie abandonnant un vieux poète solitaire - qui s'accordait entièrement à une époque obsédée par le spleen et « le mal du siècle ». Epoque qui bientôt verra fleurir les Symbolistes et les Décadents dont Gleyre est un précurseur. Charles Gleyre n'était pas entièrement satisfait de son tableau. A un ami chargé de lui commander une répétition du Soir, il répondit : « On m'a déjà demandé plus de dix fois et j'ai toujours refusé. Pourquoi ? Il me faudrait trop retravailler ». Ce qui ne l'empêcha pas d'en peindre une en 1865 pour Henry Walters. Deux autres versions (Liverpool et Winterthur) sont considérées comme peut-être autographes. D'autres copies ont été peintes au Musée du Luxembourg, où fut déposée l'oeuvre, puis au Louvre à partir de 1879. D'une excellente qualité d'exécution, notre exemplaire a été exécuté à une date proche de l'original, ce qu'atteste la marque de Haro au dos de la toile (laquelle ne doit pas dépasser 1849, année qui vit Etienne Haro succéder à sa mère, elle-même devenue veuve en 1847). Fournisseurs de toiles à peindre et de couleurs fines, encadreurs, restaurateurs, les Haro occupaient une place centrale dans le monde de l'art parisien. Ils entretenaient des relations professionnelles et même amicales avec Ingres et Delacroix (qui les visitait presque tous les jours). Ils étaient aussi marchands de tableaux. On peut donc penser qu'ils ont été intermédiaires dans la commande de cette copie, réalisée par l'un des peintres qui gravitaient autour d'eux ou par l'un des élèves de Charles Gleyre.
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